

Le quidam s’en réjouit à juste titre : les campagnes de vaccination s’affichent comme un remède efficace à l’immobilisation du pays. Fort à parier que d’ici quelques semaines, bars et salles de sport ouvriront de nouveau leurs portes pour une reprise de la vie sociale qui satisfera les consommateurs.
Pourtant l’inquiétude pondère l’enthousiasme chez les entreprises.
Au 1er trimestre 2021, les chiffres a priori se maintiennent optimistes. Moins de 7 500 procédures collectives ouvertes – données Altares – un nombre très inférieur en comparaison aux années précédentes. Effectivement, si la crise sanitaire emporte une crise économique, l’Etat n’a pas manqué de réagir : au-delà de la mise au ralenti de l’activité judiciaire, ce sont les mesures d’aide mises en place qui continuent de produire leurs effets. Des effets vertueux, puisque l’activité est maintenue, mais quelque peu pervers. Car les entreprises pour beaucoup sont sur le point de se faire rattraper : les aides financières ne suffisent plus à celles dont les problèmes de trésorerie sont irrémédiables.
Et ce mois de mars illustre tristement le mécanisme. Pour la 1ère fois depuis la crise Covid-19, le nombre de liquidations judiciaires directes atteint un record : au moment d’ouvrir une procédure collective, 8 entreprises sur 10 sont liquidées sans passer par la case redressement judiciaire.
Pour certains secteurs, impossible de faire face. Discothèques, stations de ski, évènementiel, culture… ces commerces de produits et/ou services se trouvent démunis, et les opportunités de la transformation digitale ne servent manifestement pas leurs intérêts. Les dettes s’accumulent et elles ont consommé la totalité des fonds de leur PGE. Psychologiquement en outre, les dirigeants s’essoufflent, ne sont plus en mesure d’envisager des perspectives de rétablissement optimistes pour l’après Covid-19.
Face à ces situations, le Tribunal n’a d’autre choix que d’organiser leur liquidation judiciaire, sans autre alternative.
Au 3ème trimestre 2021, c’est le taux de liquidations judiciaires directes qui vient illustrer l’impact de la crise sur l’économie. Et c’est sans compter ces entreprises actuellement en procédure de sauvegarde ou de conciliation, dont les chiffres ne font pas état. Parviendront-elles à se relever ? L’Etat prévoit-il de nouvelles mesures pour accompagner la fin des aides ? Les entreprises sont sur le qui-vive – et leurs salariés également.